La Brèche, janvier 2016

Voilà, l’épisode de janvier 2016 de La Brèche est en ligne. Nouvelles locales d’Est en Ouest, actualités internationales, mobilisations citoyennes et oppositions politiciennes, analyses et quelques touches de légèreté histoire de maintenir le cap…

Dans cet épisode:

  • Suites de la COP21
  • Extraction à Gaspé
  • Opposition des maires du Québec à Energie Est
  • Mobilisation de terrain contre la Ligne 9
  • Entrevue sur les variations du prix du pétrole
  • Gaz naturel au Québec
  • Résistance autochtone

Aussi, des capsules autonomes sont maintenant en ligne sur notre site. D’autres viendront!

Continuez à faire vivre La Brèche avec nous, passez le mot!
“Une brèche dans la logique des industries pétrolières pour éviter que leur poison ne coule d’une brèche dans leurs installations. -Bulletin vidéo de l’actualité hydrocarbures au Québec et aux alentours”

Synthèse de l’actualité hydrocarbures au Québec et aux alentours lousses

La COP21 fait encore la manchette?

Ben oui, ça fait jaser un boutte ces affaires-là. Alors que certains y voient la mort du mouvement climatique ou encore une victoire d’Obama aux dépens de la planète, les promesses des É-U étant notamment basés sur 2005 et non 1990 comme les autres pays, d’autres tiennent à souligner les enjeux pour les droits humains. Il y en a des plus enthousiastes et d’autres qui appellent à l’urgence de la décroissance et/ou considèrent que la COP21 fut un banquet de porcs capitalistes. Chose certaine, cet Accord sera la base de négociations pour de nombreuses années, et il ne compte pour l’instant aucune mention de réparation ni d’engagements contraignants qui paveraient une voie propice à l’atteinte des objectifs et d’une certaine justice climatique… Alors que les réactions vont de la célébration au scandale, les mouvements souhaitant contrer les changements climatiques doivent se poser de sérieuses questions….

Pour nourrir les réflexions à cet effet, éléments de contexte supplémentaires : le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde a dépassé l’an dernier celui des 99% restants avec un an d’avance sur les prévisions; dans l’alimentation, on constate des hausses de prix et pénuries inhabituelles et l’ampleur de la montée du niveau de la mer résultant du réchauffement des océans a été sous-estimé… il représente près de deux fois ce qui avait été calculé jusqu’alors. Même les financiers sont préoccupés(!), comme en témoigne le plus récent rapport du Forum économique mondial (FEM).

Alors que la trudeaumanie s’essoufle, le premier ministre Trudeau y met du sien en rompant l’une de ses principales promesses sur le climat, ce qui a été dénoncé par une injonction populaire. Chose certaine, plusieurs questions demeurent quant à la mise en oeuvre de certains de ces engagements, lui qui ignore des jeunes activistes enthousiastes avec son bel air de winner… Si on se réjouit de voir Ottawa promettre de se baser sur «la science» pour mieux protéger les milieux marins,(le post harper génère d’étranges « victoires »), on souligne l’absence du Canada de l’assemblée annuelle de ​​l’Agence internationale des énergies renouvelables alors qu’unvirage vert permettrait de stimuler l’économie canadienne, selon l’AQLPA. Souhaitant devenir un leader en matière de lutte contre les changements climatique (sic), l‘Alberta impose une taxe carbone.

Au Québec, Couillard est critiqué sévèrement après ses déclarations pour bien paraître à Paris alors qu’on constate que de nombreux projets liés aux hydrocarbures continuent d’être financés par l’actuel gouvernement. Aussi, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles a discuté de quelques détails de la future politique énergétique du Québec lors du cocktail privé organisé à son intention par une grande firme d’avocats, ce qui incite un citoyen engagé à déplorer que ce ne soit pas d’abord présenté à l’ensemble de la population. Cela témoigne du lobbyisme en cours, mais aussi, on se rappelle des consultations bidons liées à cette politique. Parce que là, tout porte à croire que les hydrocarbures seront au cœur de la politique énergétique du Québec et que la filière gazière en sera le fer de lance. Le plus ironique, c’est qu’ils présentent ce combustible fossile comme solution de transition. » dit Carole Dupuis du RVHQ qui offre une synthèse en trois parties démontrant que les cinq usines de liquéfaction de gaz naturel dont le gouvernement du Québec soutient l’établissement feraient quadrupler la présence du gaz naturel au Québec, ce qui ferait exploser la contribution du Québec au réchauffement climatique.

Le ministère de l’environnement est par ailleurs encore écorché, jugé frileux et critiqué pour sa gestion laxiste du considérable Fonds vert (on en a des idées si jamais, ça par exemple.) Mais décidément, on n’a pas les mêmes idées pour les investissements, alors qu’on annonce le maintien du contrat de la centrale au gaz de Bécancour de TransCanada jusqu’en 2036, justifié selon Arcand et Hydro Québec, alors que la centrale, même fermée, coûterait 2 milliards sur une période d’un peu moins de 30 ans! Ça vous financerait-tu de la bonne pub pour Énergie Est, ça?

Extraction

Dans le Golfe, Corridor Resources obtient un sursis d’un an pour l’exploration du site Old Harry, alors que le contrat initial qui le lie au gouvernement de Terre-Neuve et Labrador l’engageait à lui verser 1 million de dollars… dollars dont on n’a toujours pas vu la couleur ni senti l’odeur… L’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador explique, soulevant l’ire de la Coalition Saint-Laurent, que cette prolongation était nécessaire afin de réaliser les consultations publiques repoussées depuis 4 ans!

En Gaspésie, un nettoyage porte la production du puits Haldimand n° 4 à 43 barils par jour, ce qui incite à se demander : comment peut-on être si déconnecté? La Ville de Gaspé est très préoccupée par l’injection récente de 70 000 litres d’acide chlorhydrique(pour le nettoyage) sans qu’une autorisation du ministère de l’Environnement ne soit nécessaire, alors que le puits est situé à 350 mètres de maisons et à 150 mètres d’un cours d’eau qui se jette dans une rivière à saumon. De quoi remettre en question les règles de l’art défendues par le pdg Alexandre Gagnon… La compagnie entend mener un test de production de plus de huit mois en 2016 alors que la Ville de Gaspé, jugeant sans doute insuffisant le comité de suivi, insiste encore pour un BAPE. Elle n’est pas seule, et Tache d’huile demande, les opérations de nettoyage portent fruit, mais lesquels?

Par ailleurs, des travaux reprennent à Saint-Léon-le-Grand dans la Vallée de la Matapédia, afin de déterminer si le site convoité pourrait accueillir des forages. Ces opérations consistaient à de l’arpentage et de la validation environnementale : un dossier à surveiller, de Sayabec à Causapscal…

Comble de l’ironie pour un gouvernement québécois qui se cache bien de nous présenter le projet d’ensemblede son programme énergétique pour le Québec, Couillard sollicite désormais les groupes environnementalistes et scientifiques afin de réitérer son opposition à l’exploration pétrolière sur Anticosti, ce qui scandalise évidemment la compagnie. Entêtée, Pétrolia mise toujours sur la réalisation de trois forages avec fracturationsur l’île d’Anticosti.

Insolite, Pétrolia et Junex se pètent les bretelles de médailles de performance boursières tout en visitant descreux historiques sur le marché! Côté constructif, on se réjouit que ce soit parti pour le sans gluten en Gaspésie,encourageant la production locale ce qui s’inscrit dans la révolution par la terre. Outre l’alimentation, il est maintenant possible de s‘habiller 100 % Baie-des-Chaleurs et la Coalition des Gaspésiens pour l’avenir du train de passagers est favorable à l’autorail.

Contamination de l’eau et autres désagréments

RECORD : plus important séisme lié à l’hydrofracturation s’est produit en Colombie britannique, alors qu’une technologie permet de différencier les causes de séismes.

Épeurant : une caméra infra-rouge révèle un énorme nuage de méthane en Calfornie qui se met en État d’urgence. Marc Durand nous offre explications et perspectives, et si cela se produisait au Québec? Aussi (bouh!) on prévoit qu’en 2050 le plastique pèsera plus que le poisson dans l’océan et en attendant, des industrielsoffrent les eaux de forage au traitement des routes, contre la neige et la glace…

À Beauharnois, on retient son souffle alors que ce navire échoué et abandonné pourrait laisser couler son mazout dans les eaux du St-Laurent qui servent de prise d’eau potable pour plusieurs municipalités du Grand Montréal, un fleuve d’ailleurs sous haute surveillance. Si à Saint-Tite on développe un nouveau produit à base de fibres naturelles, un produit absorbant pour les hydrocarbures, on espère quand même éviter d’en abuser…

Transport d’hydrocarbures

Du côté du transport sur rails, bonne nouvelle pour l’instant: il n’y aura pas de transport ferroviaire de pétrole à Lac-Mégantic en 2016 même si le ministre Garneau n’a pas trouvé un moment pour rencontrer Robert Bellefleur et la Coalition d’organismes pour la sécurité ferroviaire au centre-ville qu’il représente. Mais nous devons surveiller d’autres types de produits dangereux qui peuvent circuler par train, comme le propane, l’acétone et le naphta servant à liquéfier le pétrole lourd, des produits encore plus dangereux que le pétrole lui-même précise M. Bellefleur.

Aussi, la chute du prix réduit la livraison du pétrole par train vers Kildair : « On n’a reçu qu’une seule expédition par train. Heureusement, les secteurs du mazout lourd et du bitume sont toujours actifs et livrés par train, ce qui aide à compenser » (sic). Du côté de Belledune, la cause des Mi’gmaqs de la Gaspésie contre Chaleur Terminals Inc et le gouvernement du Nouveau-Brunswick a été reportée aux 15-16 mars prochains : on vous tiendra au courant. À noter, des écologistes pourront plaider la nécessité pour justifier leurs actes illégaux dans un procès historique à propos du blocage d’un train de pétrole aux États-Unis

Un mois après que TransCanada ait déposé à l’Office nationale de l’énergie une version modifiée de son projet d’oléoduc Énergie Est, les 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal annoncent officiellement leur opposition au pipeline, qui traversera 100 km de son territoire. « C’est en raison des risques environnementaux élevés, notamment pour l’eau potable’’, de rappeler Coderre dans un élan d’amnésie momentané. Les communautés Mohawks du Québec et de l’Ontario viennent également grossir les rangs de la résistance autochtone au projet. Afin de calmer les réactions outrées de certains politiciens de l’Ouest à l’égard de ces mouvements d’opposition au Québec, nos premiers ministres y vont d’exercices rhétoriques : Trudeau précise que les communautés concernés devront donner leur aval au projet et Couillard avoue mollement que la province québécoise n’a pas l’obligation d’accepter le projet (un vrai baume pour notre « système démocratique »). Pendant ce temps, la pression qui pèse sur le Québec en faveur du pipeline Énergie Est continue de s’accentuer, alors que TransCanada poursuit le gouvernement américain pour son rejet du projet Keystone XL.Côté coïncidence et copinage dans ce dossier, on apprend que TransCanada a recruté comme lobbyiste auprès du gouvernement libéral un militant du PLQ et qu’une chronique critique de la construction du port d’exportation du pétrole d’Énergie Est à Saint-John au Nouveau-Brunswick se voit refuser la publication dans leTelegraph-Journal, detenu par la famille Irving, aussi propriétaire de Irving Oil.

Après que des citoyens.nes se soient enchaînés.es à une valve à Sainte-Justine-de-Newton début décembre, les actions citoyennes se multiplient pour bloquer le flux de la ligne 9 d’Enbridge, qui est arrêtée manuellement par des militants.es à Sarnia, puis une nouvelle fois à Hamilton par la fermeture anonyme d’une valve électronique. Mentionnons qu’un autre oléoduc d’Enbridge qui coule en parallèle, la ligne 7, a aussi arrêté par une action près de Cambridge en Ontario. C’est pas si dur on dirait... Cette grogne populaire persistante contraint la compagnie pétrolière à défendre son plan d’urgence, qui ne rassure pourtant en rien la MRC de Vaudreuil-Soulanges, et àrenforcer la sécurité autour de ses pipelines (et on se surprend de voir Enbridge s’empresser de nous jaser de sécurité lorsqu’il est question d’empêcher d’éventuels sabotages…).

Aussi: Rachel Thevenard de Run Against Line 9 a été bien accueillie à Montréal le 6 janvier, alors qu’elle complétait sa course de plus de 800 kilomètres le long de la ligne 9 pour soutenir la Première Nation des Chippewas de la Thames. Celle-ci a toujours besoin de soutien financier pour combattre la ligne 9 en Cour suprême.

Finalement, les nations autochtones de l’Ouest remporte une victoire dans le dossier de l’oléoduc Northern-Gateway d’Enbridge, la Cour Suprême de la Colombie-Britannique ordonnant à la province de consulter les autochtones! Alors que la pression exercée contre l’oléoduc TransMountain s’accentue, des militant-e-s sont été arrêté-e-s dans le cadre du blocage des opérations géotechniques de la compagnie propriétaire Kinder Morgan. Le développement de l’industrie du gaz naturel liquéfié en Colombie-Britannique est remis en doute par des chercheurs de l’Université Harvard et vertement critiqué par les leaders autochtones en raison des saumons qui y sont menacés. Et tiens, si vous voulez un coup d’inspirations et un clic solidaire, allez voir la campagne des Kichwas pour laisser le pétrole sous terre en Amazonie vivante.

Matières à réflexion : Il existe un nouvel outil disponible sur l’acceptabilité sociale, et comme les lois n’ont jamais été écrites pour protéger l’eau, l’air, ou les sols, mais pour protéger la propriété, certain-e-s demandent : Et si ça changeait ?

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *